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lundi 13 septembre 2010

égaré en chemin.

mon ami.
tu me dis que tu te sens seul dans ta tête et perdu dans tes pensées? est-ce la triste exaltation de ta solitude ou encore serait-ce la célébration de ta nature d’individu postmoderne?
question intéressante me diras-tu. question absurde je te répondrai. cette question, a-t-elle même son importance? je te propose de l’investiguer.
où se dirigent tes pensées? tu t’interroges à savoir si tes réflexions convergeront un jour vers une idée concrète quant au sens de la vie, ou je ne sais trop vers quel autre idéal passéiste? permets-moi quelques ébauches de réponses.
la réponse la plus juste mon ami à ces questionnements est probablement que nous n’en savons rien. j’aimerais tant pouvoir te dire que la solution réside dans l’action. attitude que l’on pourrait résumer par la maxime : «fonçons sans scrupule dans cette existence en crise de sens, vivons dans l’ici et maintenant en pleine possession de nos moyens, en vibrant. Voyons cette vie comme un défi qu’il nous faut relever». Or, n’étant ni surhomme, ni homme de foi, ni même homme de tête, je ne suis pas sûr d’être convaincu par une telle vision, ni même par une telle réponse à nos questions, mon ami. je ne suis ni nietzsche, ni même sartre, cet enfoiré. au mieux je ne suis qu’un émule d’un existentialisme tronqué s’étant lui-même perverti. comme si la doctrine sartrienne s’était égarée dans ses références et sa binarité dialectique.
ce que je suggère alors tu me demanderas? bien que je ne sois toujours pas persuadé d’avoir réellement quelque chose à suggérer, je dirais plutôt, qu’à l’opposé de la position nietzschéenne, je propose de foncer tête baissée. protection incluse. il s’agit certes d’une position «soft» moins romanesque que le vitalisme viril et pleinement assumé de nietzsche, dit le moustachu. bien que je sois sans cesse tenté par zarathoustra, il advient quand même qu’il m’arrive parfois d’être convaincu par ma propre position… a-t-elle moins de valeur puisqu’elle provient d’un mécréant?
mais réfléchissons quelques instants mon ami. crois-tu que le simple fait de se préparer aux coups que l’on sait que l’on va recevoir représente une position plus faible que la pensée inactuelle nietzschéenne? crois-tu que la notion d’anticipation soit moins empreinte d’un appel à la vie que la proposition rhétorique de la surhumanité qui ignore l’existence même du coup qui lui a causé cette ecchymose? Une telle position me semble insoutenable.
donc je te repose la question : est-ce une position faible ou une position lucide? tu peux aussi répondre que j’ai disjoncté et que je pervertis ta question avec mes propres embrouilles… tu n’aurais probablement pas tort de questionner ma démarche «pédagogique». aie-je donc une une réponse à te donner mon ami? En fait, la seule réponse valable à tes tourments est que je n’en sais pas plus que toi sur la vie. il est même probable que j’en saches encore moins que toi, lui et elle. pour être franc, j’aime la position de faiblesse. elle me conforte autant qu’elle semble nous prépare à toute éventualité, mais plus important encore, elle tend à nous responsabiliser face à nos actes. quant à la position forte, virile, elle nie ce qu’elle n’est pas et ce qu’elle engendre, c’est-à-dire les conséquences de ses actions. elle est position destructrice mon ami. j’aime mieux ne pas savoir où je vais que de ne pas être conscient d’où je viens.
enfin, je crois.
quelle est la conclusion alors? je te répondrai en te rappelant d’où cette conversation a débuté : devant la souffrance, le mal et la tristesse que faire? telle était ta question mon ami. en fait, à la lumière de ce que nous venons de dire, je ne puis te trouver de réponses satisfaisantes quant aux moyens concrets de se recouvrer de tels sentiments. est-ce le signe d'un relativisme latent? peut-être, mais j’ai que faire de ces étiquettes. je te propose plutôt que de parler de moyens, de te questionner sur la nature profonde de ta tristesse et de ta solitude.
d’où vient-elle?
cherches-tu désespérément le regard des autres ou, comme narcisse, ton reflet dans les vitrines de boutiques cossues, ou ta peine est-elle plus profonde?
qu’en est-il? ou en sommes-nous? je ne sais rien. je crois être aussi perdu que toi mon ami!
je me suis égaré en chemin et je t’ai perdu… mon ami?

texte écrit le 11 octobre 2009.

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